Monday, September 23, 2013

reasons I love france #312

This painting is called "Olive Trees with the Alpilles in the Background." It depicts a mountain right behind the Roman ruins of Glanum that I visited this summer with the JA of Marseille. My friend and I climbed a little ways up this mountain to explore a small cave. (Really small.) So, get this: I once went treasure-hunting in a little cave on a mountain immortalized by the paintbrush of Vincent Van Gogh. 

Monday, September 16, 2013

Mon stage chez les petits frères des Pauvres


Les petits frères des Pauvres, une association internationale, aident les personnes de plus de cinquante ans qui souffrent de pauvreté, d’isolement, ou de maladies graves. Cet été j’ai rejoint cette organisation à Paris pour faire un bénévolat. J’ai été envoyé à la fraternité Saint Maur, qui se situe au 72 avenue Parmentier dans le 11e. C’est une fraternité unique parmi les établissements des petits frères des Pauvres. Son but principal est de stabiliser et de réinsérer dans la société des personnes qui ont passé une partie de leur vie sans domicile fixe. Les SDF, une fois accueillis par les petits frères, reçoivent des logements dans des hôtels pour un ou deux ans pendant lesquels ils sont “stabilisés”. Outre un logement, les “accueillis” sont aidés de plusieurs façons. Pendant six semaines, j’ai vu et j’ai fait partie des programmes des petits frères des Pauvres, y inclus la Permanence, l’Étape, les visites à domicile, et les séjours de vacances.

Les “accueillis” ont chacun un référent salarié à la Permanence (le nom du bâtiment au 72 avenue Parmentier) avec qui ils ont un rendez-vous régulier, selon leurs besoins. Ils reçoivent un traitement mensuel via les petits frères et certains, qui ont besoin d’aide pour gérer leur argent, ont des tuteurs. Pendant ces rendez-vous, les référents constatent le progrès de chaque personne accompagnée. Les accueillis reçoivent leur argent, informent leurs référents de leurs problèmes, demandent plus d’argent, planifient leurs vacances, et règlent leurs affaires quotidiennes. 

Une fois, j’étais à la Permanence avec un salarié qui s’appelait Christian. Une petite dame sale et hébétée est entrée, et elle a déclaré, « Je suis sourde ! Je n’entends plus rien. Je suis tombée sur la tête et je suis sourde ! » Je ne savais pas quoi croire. Il me semblait qu’elle pouvait entendre Christian, mais qu’elle manquait par exprès quelques phrases. L’infirmière de la Permanence était occupée. Christian a dit à la dame qu’elle pouvait voir un médecin dans deux semaines. Cela l’a apaisée.

Les rendez-vous ne sont pas les seules fonctions de la Permanence. Emmanuelle est l’infirmière, qui veille sur les besoins médicaux, mais seulement le jeudi. Il y a aussi une salariée qui s’appelle Suzanne, qui s’occupe de la vie culturelle des “accueillis” en leur fournissant des tickets gratuits aux spectacles. La devise des petits frères des Pauvres est « les fleurs avant le pain. » J’ai remarqué plusieurs exemples de cette mentalité pendant mon stage. La “permanence culturelle” en est une. Il ne suffit pas de donner un logement; ils veulent le compléter par l’animation de l’esprit que donne les activités culturelles. 

L’Étape se trouve à deux pas de la Permanence, au 5 rue Pasteur. C’est un immeuble équipé d’une cuisine, d’un jardin, de quelques douches, de trois ordinateurs, et de plusieurs canapés et tables et chaises pour s’asseoir. L’Étape est ouverte du lundi au jeudi de neuf heures à onze heures, et puis les après-midis du vendredi au dimanche. Les personnes accompagnées y accèdent librement. On y vient pour manger un petit-déjeuner gratuit le matin, se doucher, se faire couper les cheveux, utiliser l’Internet, lire le journal, jouer aux cartes, et se faire des amis. Il faut toujours au moins deux bénévoles à l’Étape pour veiller sur les “accueillis.” 

Pendant mon stage, j’ai passé le matin à l’Étape comme bénévole presque chaque jour. J’ai bien profité de l’occasion pour parler français avec les personnes accompagnées. Elles m’ont accueillie avec chaleur. C’était amusant pour elles d’avoir une jeune, surtout une jeune Américaine, parmi elles. Elles me parlaient souvent de l’Amérique ou de la politique, et j’ai donc appris leurs vues différentes sur le monde. Un homme s’est mis à m’expliquer que le monde entier est ouvert aux hommes--que rien ne peut nous empêcher de vivre où on veut; s’il y a une frontière, on va la franchir; s’il y a un dictateur, on va le tuer. Un autre homme m’a montré les poèmes qu’il avait écrits au sujet des médias qui opprimaient un peuple, et un peuple qui les narguait. Je pense que les “accueillis” ont souvent des complexes de quelque sorte. Ils ne travaillent pas toujours, mais ils sont conscients, intelligents, et ont une mesure d’orgueil, en plus. Certains veulent que tout leur soit donné--une dame a insisté que je devais demander une télévision pour mon appartement, ce que j’ai trouvé beaucoup trop impertinent. D’autres veulent croire qu’ils contribuent au monde simplement en existant...mais ils n’en sont pas sûrs, et cherchent un moyen de se valider. Souvent c’est en faisant du bruit. J’ai vu des râleurs qui se plaignaient de tout.

Il y avait quelquefois des disputes entre les personnes accueillies. Certains quittaient la table sans aider à la débarrasser, ce qui faisait des histoires parmi les autres. Une fois, un homme s’est mis à chanter un peu, et puisque je l’ai encouragé, il a continué à chanter pendant une demi-heure ! On était dans le couloir et son chant se répandait dans tout l’immeuble. Les autres n’ont pas hésité à nous dire qu’on faisait trop de bruit.

Toutefois, j’ai vu que l’Étape fournissait des amitiés aux personnes accompagnées. Elles se connaissaient de nom, elles se disaient toujours « bonjour » et se faisaient souvent la bise. Je ne dirais pas que c’était une grande famille, mais plutôt un club. 

Souvent, je me rendais utile aux personnes accueillies en les aidant à utiliser les ordinateurs. Une fois, j’ai tapé un email pour une femme dont la soeur venait de mourir et qui avait besoin d’organiser l’enterrement. Plus tard, j’ai tapé une lettre de Jacques, un Chinois, à la Police, pour témoigner qu’un ami à lui était un immigré légal. Plusieurs fois, j’ai aidé un homme dont l’habitude était de répondre aux sondages sur l’Internet et d’aller goûter des produits nouveaux des grandes entreprises, chaque jour, pour gagner un peu d’argent. 

Claude était un accueilli handicapé. Il avait du mal à parler--ses mots sortaient avec difficulté comme s’il les mâchaient sans dents--et à marcher, parce que ses membres étaient déformés. Pourtant, c’était important pour lui d’aller a l’Étape; donc, il s’y rendait le mardi. Il s’asseyait dans la salle en face, et ne parlait pas trop. Puisqu’il avait fait un effort pour venir, un bénévole le ramenait chez lui en voiture après. Parfois il mangeait à la cantine avec les bénévoles avant d’être ramené chez lui. Les bénévoles l’acceptaient comme ami. Tout cela me témoigne du respect qu’ont les petits frères pour ceux dont ils sont responsables. L’organisation voulait compenser Claude pour ses efforts.

Une partie importante de l’organisation, ce sont les visites à domicile. L’après-midi, un groupe de bénévoles de la Permanence se répandent dans Paris pour rendre visite aux personnes accompagnées qui sont, sinon, isolées. Souvent ces visites sont pour régler une affaire: amener la personne chez le médecin, installer une nouvelle télévision chez elle, prendre des photos et les envoyer à ses enfants. 

Mon ami Émile, un bénévole américain, et moi avons accompagné une Mme Jacquet chez le ORL (le médecin du nez, des oreilles, et de la gorge). C’était la même dame que j’avais vue deux semaines auparavant, qui nous avait dit qu’elle était sourde ! Elle nous a montré une blessure sur son menton, et elle nous a expliqué que pendant le bal des pompiers, elle dansait et elle était tombée encore une fois. On a déduit qu’elle buvait un peu trop, et c’est pour ça qu’elle tombait si souvent. Je suis restée dans la salle d’attente pendant qu’Émile et Mme Jacquet voyaient le médecin. Quand je les ai vus après, la dame n’était plus sourde. Elle avait des tas de cérumen, Émile m’a expliqué, et le docteur a tout enlevé. « J’ai failli vomir, » m’a-t-il dit.

Outre l’Étape et les visites à domicile, les petits frères des Pauvres organisent des séjours de vacances, une occasion pour les personnes accompagnées d’avoir une « heureuse parenthèse » de la vie normale, parmi des amis et des bénévoles. Ceci leur permet de vivre en communauté, de former de nouvelles relations, de se détendre et de se reposer.

Ces vacances sont payés en partie par les petits frères, mais aussi en partie par les “accueillis” eux-mêmes. Elles ont lieu dans des maisons, des hôtels, ou des châteaux qui appartiennent aux petits frères, et les “accueillis” sont accompagnés par une équipe de bénévoles. Après deux semaines d’observation et de travail à la Permanence et l’Étape, j’ai été sélectionnée comme bénévole pour le prochain séjour de vacances. Il y avait sept bénévoles et treize personnes accompagnées. Nous sommes allés en Bretagne, dans le nord-ouest de la France. Les petits frères sont propriétaires d’une maison à Damgan, un bourg de 2000 habitants. La maison, qui s’appelle Ker Péheff (“ker” veut dire “maison” en Breton), se trouve à 400 mètres de la plage. C’est vrai, j’ai passé un tiers de mon stage en vacances à la plage !

En tant que bénévole, je devais planifier et participer aux activités, servir la nourriture, et veiller sur les “accueillis,” dit “vacanciers.” Nous devions traiter les vacanciers comme les adultes qu’ils étaient. C’étaient leurs vacances à eux, et si certains voulaient rester dans leurs chambres toute la journée, ou sortir seuls, il fallait le leur laisser faire. Par contre, il fallait aussi leur faire attention et être leur ami.

Les bénévoles participaient chaque soir à la réunion de l’équipe. Nous veillions jusqu’à minuit, des fois, pour discuter de la journée, du comportement et des besoins des vacanciers, et des activités du lendemain. Au début, je me concentrais si forte à la langue que c’était une surprise de me rendre compte que la vies des vacanciers était plus importante que mon talent en français, et qu’il me fallait mieux observer mes copains.

Nos journées étaient remplies d’activités et de nourriture. Nous faisions des balades sur la côte, longeant la mer. (Nous l'appelions la mer, mais c’était l’océan Atlantique.) Lorsque nous avons visité le parc animalier de Branféry, nous avons vu des animaux de pleines d’espèces différentes, et nous nous sommes bien amusés en sautant sur les filets qui étaient dans les arbres, comme une famille de singes. C’était une journée inoubliable ! En plus, nous faisions du vélo et de la randonnée. Il y avait un parcours de santé dans un parc où on a fait des pompes et des exercices de jambes. Tout cet exercice ne pouvait pas compenser toute la nourriture que nous mangions! La maison Ker Péheff était équipée d’une cuisinière exceptionnelle. En respectant la devise “les fleurs avant le pain,” nous décorions toujours la table et nous prenions du temps pour manger et pour parler ensemble. Danielle, une vacancière, recueillait des fleurs pour les tables. 

J’ai beaucoup appris à propos des repas à la française. Par exemple, les repas étaient divisés en sections. À midi, on commençait toujours par une petite entrée, soit un légume soit un fruit. Le soir, on commençait par la soupe. Le plat principal suivait. Après le plat principal, je servais la salade avec du fromage. On finissait toujours par un dessert. 

L’alcool était très important pour les vacanciers. Nous avions de l’alcool en accès presque libre pour les vacanciers à cause de la dépendance de certains. La tradition de l’apéritif leur était chère et on en parlait souvent. Quand nous prenions l’apéritif, il fallait avoir de petits biscuits salés pour accompagner l’alcool. Le genre d’alcool était important. Les vacanciers aimaient boire un vin spécifique avec un plat spécifique. Nous les bénévoles avons trouvé que de fournir du cidre breton à volonté baissait beaucoup la consommation de vin, en le remplaçant par une boisson à seulement 3% d’alcool.

Le séjour de vacances m’a ouvert les yeux parce que c’était la première fois que j’ai passé autant de temps si près de gens ayant un mode de vie si différent du mien. J’étais toujours en train de refuser de boire de l’alcool, une expérience nouvelle. Je les ai vu rouler leur cigarettes après chaque repas, et boire de l’alcool souvent. J’ai remarqué la différence de leurs comportements quand ils étaient alcoolisés. Yves Robert parlais plus fort et bavait plus que d’habitude. Mooken devenait plus agressif et commençait des disputes. 

En plus de servir la nourriture, planifier les activités et assister aux réunions d’équipe, je contribuais aux vacances en participant beaucoup. Un des derniers jours, nous avons fêté la fin des vacances avec un apéritif, un repas amélioré, et une grande fête qui a duré jusqu’à une heure du matin. Nous avons tous dansé, surtout moi. Nous avons eu des slows où les hommes m’ont demandé de danser avec eux, et des chansons plus vites, où certains ont dansé et d’autres ont chanté. Et puis nous avons tous partagé nos talents. Patrick Gelissen et Émilien ont joué à la guitare et chanté. Mathilde et Sébastien, deux bénévoles, ont dansé ensembles. Maria Aurelia, une bénévole de 55 ans qui était comme ma tante, m’a appris une chanson espagnole et nous l’avons chantée ensemble. C’était horrible. Elle a chanté trop lentement pour la musique, et j’ai confondu les paroles. Nous avons cassé les oreilles de tous les autres, et en plus, nous avons insisté pour chanter tous les trois couplets. Mais ce spectacle est une évidence que je suis devenue plus courageuse et plus à l’aise devant tout le monde. J’ai chanté dans une langue qui n’était pas la mienne et n’était même pas celle que j’étudie ! Après ça, me sentant capable de tout faire, j’ai chanté une deuxième chanson, la dernière du soir. C’était “What a Wonderful World.” Je ne suis pas chanteuse. Ce n’était pas quelque chose que j’aurais voulu faire dans mon propre pays. Mais j’ai chanté seule, en anglais, avec les regards de tous les vacanciers et tous les bénévoles sur moi. J’ai même dansé un peu à la fin pour ajouter plus d’intérêt. 

Après le séjour, le responsable m’a dit que c’était une chance de m’avoir parce que ma jeunesse et mon enthousiasme ont apporté de la vivacité et de l’énergie au groupe, et que j’ai rendu possible un lien entre les générations. 

L’après-midi, on pouvait trouver les salariées Céline et Carla en face de la Permanence. Elles s’asseyaient sur le banc et fumaient. Souvent un “accueilli” passait par elles, et s’arrêtait pour les saluer et pour bavarder un moment. J’ai vu ces salariées, toujours rigolant, avec les amis qu’elles servaient. Cette organisation forme une petite communauté pour ceux qui ont été exclus de la société d’ailleurs. Elle bénit leurs vies. Les petits frères des Pauvres sont incroyables.